Bontaz Interview Bontaz Interview | HBM

Les ingénieurs R&D BONTAZ, les solutions HBK et les équipes de bobsleigh français ont un objectif commun : Les jeux Olympiques d’hiver 2022 !

Le groupe industriel Bontaz, équipementier automobile de rang 1, basé en Haute-Savoie, soutient la fédération française des sports de glace (FFSG) avec un partenariat ciblé sur le bobsleigh français en apportant un soutien financier, mais également technologique et humain au bobsleigh français.

En effet, les équipes R&D Bontaz collaborent étroitement avec le staff technique et les bobeurs pour améliorer le matériel et optimiser les performances dans leurs entraînements…. Avec pour objectif : Les Jeux Olympique d'Hiver 2022 !

Depuis 2020, Sébastien CHATEL Development Team Leader pour Bontaz a supervisé le projet - conception, analyses et validation des tests en condition réelle – et a choisi Hottinger Bruel & Kjaer pour la fourniture de jauges de contrainte.

 

Il répond à quelques questions !

Comment est né le partenariat Bontaz / FFSG) ? Et comment se traduit-il ?

Le partenariat avec la Fédération Française des Sports de Glace (FFSG) ciblé sur le bobsleigh a été mis en place en 2015, à l’initiative de notre fondateur Yves Bontaz. Il s’agit d’un partenariat complet, à la fois financier, technique & matériel, médiatique et humain.

La partie mécénat de compétences était ciblée sur une démarche d’amélioration continue du bobsleigh par les ingénieurs R&D pour optimiser les performances techniques. Pour BONTAZ, qui a pour ADN l’innovation technologique, c’était une belle opportunité de mettre en application notre savoir-faire industriel tout en contribuant à donner un nouvel élan au bobsleigh français.

Cet engagement fort s’est notamment traduit par :

  • La mise au point d’un charriot de poussée 2.0 visant à mesurer et analyser la performance des sportifs pour qu’ils puissent s’améliorer
  • Une 10aine d’ingénieurs du département R&D Bontaz mobilisés à temps partiel sur le projet
  • Le soutien de partenaires rhônalpins et frontaliers, dont Hottinger Bruel&Kjaer et Astrym
  • La réalisation d’une Websérie #EnglisseversPekin20222 (disponibles sur YouTube en français et en anglais) pour suivre en vidéo les coulisses de la préparation pour Pékin 2022.
  • De nombreux collaborateurs impliqués ponctuellement au sein de diverses entités du Groupe

Quelles étaient les attentes des athlètes ? Quelle a été l'approche des équipes d'ingénieurs Bontaz pour y répondre au mieux ?

Au départ, l’objectif était de fournir un bob made in BONTAZ pour la partie châssis car il s’agissait de mécanique pure, sujet sur lequel l’équipe projet BONTAZ est experte. Seule la coque en fibre de verre a été achetée. Il y a eu toute un travail qui consistait au démontage d’un bob actuel pour scanner toutes les pièces et pouvoir les reproduire en 3D à l’aide d’un logiciel de conception. L’EDF a également donné des conseils ou des idées d’améliorations sur les différentes pièces afin de les intégrer dès le premier « proto ». Une fois l’assemblage du Bobsleigh finalisé sur ordinateur et la vérification pour s’assurer que tout puisse se monter sans collision, la fabrication des pièces a pu commencer. Une fois l’assemblage terminé, le pilote a voulu tester sur piste et donner son premier ressenti par rapport au bob qu’il utilisait en compétition. Plusieurs passes ont pu être ainsi réalisées afin d’améliorer le comportement du ou des bobs car certaines pièces indépendantes de la partie soudée pouvaient être interchangées. Des tests ont pu être réalisés sur chaque organe du bob tels que les patins avec un chariot dédié, le design du frein pour être plus ergonomique, les tendeurs qui permettent au pilote de mieux ressentir la direction…

 

 

Pourquoi avoir choisi capteurs à jauges de contraintes HBK ? Comment ont-ils été utilisés / exploités ?

HBK avait déjà œuvré en collaboration avec la FFS au niveau des poignées des portillons de départ pour trouver la meilleure technique afin de se propulser devant tout le monde en début de course augmentant ainsi les chances de succès à l’arrivée. Dans le bobsleigh, la logique est la même car la poussée correspond à 1/3 de la performance finale (reste le pilotage et le bobsleigh) et la complexité est qu’il faut coordonner 4 pousseurs en simultané avec des phases d’embarquements successifs. De plus, il y a 3 types de poignées différentes et chacune a sa spécificité : la poignée pilote sur laquelle on va suivre la flexion de celle-ci créée par le bras de levier, les poignées latérales où l’on joue sur la torsion de l’axe rattaché à la coque et enfin les 2 poignées arrière où l’on vient observer une compression de la matière.Les jauges de contraintessont donc idéales pour toutes ces mesures. L’installation des jauges a pu facilement se faire car tous les systèmes de poignées ont été étudiés pour être démontables et donc facilement livrables contrairement au bobsleigh d’environ 3m80. Une fois les jauges en position sur le bobsleigh, une calibration à l’aide d’un dynamomètre a été réalisée dans les locaux de BONTAZ avec le support d’Astrym car toutes les mesures étaient récupérées par une centrale d’acquisition développée par cette société. Cette opération est une des plus importantes pour avoir des résultats fiables et exploitables. En utilisant le logiciel Catman, l’EDF pouvait représenter graphiquement les efforts vus par chaque poignée et les corréler avec une vidéo afin d’améliorer la technique des athlètes.

Comment se sont déroulés les essais ? Quelles conclusions ont pu être tirées ?

En plus de cette instrumentation du bobsleigh, BONTAZ a fourni des kits « roulettes » pour pouvoir s’entrainer en été sur la piste d’athlétisme de La Plagne et avec du matériel au plus proche de celui utilisé en compétition. Par exemple, les poignées sont les mêmes que celles sur le bob qui fait les descentes de coupe du monde ainsi que la hauteur par rapport à la piste pour pouvoir facilement transposer la technique entre les différentes saisons. Avant, ils utilisaient un chariot lesté de poids et avec des poignées en forme de simples tubes et sans pouvoir s’installer dedans. L’embarquement des 4 athlètes est maintenant possible donc toutes les étapes de la poussée sont travaillées et améliorées. Lors des stages de préparation, les bobeurs réalisaient plusieurs descentes enregistrées via la centrale d’acquisition et filmées en modifiant les techniques de poussée (à l’horizontale ou avec un angle, mains serrées ou écartées…). Le soir, le tout était décortiqué par le staff afin de voir ce qui apportait un plus et ce qu’il fallait absolument éviter de faire pour ne pas ralentir le bobsleigh pendant cette phase de la course.

Quelles ont été les bénéfices / résultats pour les bobeurs ?

Les bobeurs ont dû revoir leur méthode d’entrainement du fait de l’utilisation d’un nouveau matériel et être rigoureux dans la récupération et l’exploitation des résultats car ils n’avaient pas accès à autant de données sur leur performances individuelles et collectives auparavant. Cela a permis de déterminer l’équipage type et dans quelles positions les personnes sont les plus performantes. D’un point de vue chronométrique, on parle d’un gain de plusieurs 0,01s voir 0,1s rien que sur la poussée or cela aura également une influence sur la vitesse maximale pendant la course donc encore des 0,1s grapillés.

Contribuer à accompagner une équipe de sportifs à progresser peut-être vécu comme une aventure humaine. A titre personnel, que retenez-vous de cette expérience ?

Il est vrai que ce genre d’aventure n’est pas commune dans notre travail quotidien. Habituellement on teste nous-mêmes les pièces que l’on développe car nous avons un laboratoire d’essais en interne mais dans ce cas précis, l’unique juge de paix est la piste, les sensations du pilote, les chronos et on peut passer d’un extrême à l’autre très vite en cas de blessures ou manque de confiance d’un des membres de l’EDF. Ce sont des hommes et femmes avant tout, qui s’entrainent dur toute l’année pour 1 minute de course à plus de 130 km/h, on travaillait main dans la main dans l’envers du décor avec de la sueur et des sacrifices. Malgré cette pression, les échanges ont toujours été très amicaux, constructifs et tournés vers l’objectif commun d’une médaille aux JO. Les propositions d’améliorations venaient naturellement, discutées par SMS ou en visio directement avec le pilote Romain Heinrich qui est le leader de cette EDF de Bobsleigh depuis plusieurs années. Les retours des différents essais étaient très complets afin de valider ou non la direction que l’on prenait et pousser l’étude jusqu’au bout. Pendant toutes ces années, BONTAZ a pu leur fournir les moyens nécessaires leur permettant d’avoir accès à des choses qu’ils n’avaient jamais connu pour des raisons financières. Je me souviens encore des essais en soufflerie à Genève pour cette F1 des glaces où l’on pouvait voir l’excitation sur leurs visages et toutes les capsules vidéo qui ont permis de faire un gros plan sur ce sport assez peu médiatisé.